Le contrôle annuel des fermes bio, un garde-fou nécessaire mais menacé

Actualité - 19/01/2017

Le contrôle annuel des fermes bio, un garde-fou nécessaire mais menacé

Le contrôle annuel obligatoire, condition de la certification en agriculture biologique, est remis en cause dans le nouveau règlement européen. Reportage aux côtés d’un contrôleur, dans le Gers.

« Le contrôleur, c’est le seul que je reçois à l’intérieur de chez moi », sourit Nicolas Petit, gérant de La Ferme en coton, une exploitation bio dans le Gers. Pour accueillir Eric Kauffer, auditeur chez Ecocert, le principal organisme de certification en agriculture biologique, il fallait bien, en effet, la longue table en bois trônant au milieu du salon. Celle-ci se retrouve bientôt jonchée de classeurs et de papiers : factures, grand livre comptable, cahiers de culture et registres d’élevage, plans des parcelles de l’exploitation…

Tous les ans, dans cette ferme certifiée bio, c’est le même rituel : un contrôleur d’un organisme indépendant parcourt, plusieurs heures durant, les documents et le terrain de l’exploitation. En ce matin d’hiver, M. Kauffer commence par passer au crible les registres assurant la traçabilité des cultures et des élevages, les comparant un à un avec les factures et leurs certifications bio. Avant d’enfiler ses bottes pour vérifier leur conformité sur le terrain. Au fil des 63 hectares de cultures céréalières, d’agroforesterie, d’élevages de volailles et de porcs, l’auditeur inspecte : ici, la féverole stockée dans un silo, là, la densité de poules pondeuses ou la puce accrochée à l’oreille d’un cochon.

Ces contrôles, prévus dans le règlement européen de l’agriculture biologique, conditionnent l’obtention du label bio, l’eurofeuille, sur lequel est aligné depuis 2010 le « AB » français. Un contrôle annuel obligatoire auquel s’ajoutent des contrôles inopinés, un tous les deux ans au minimum, ciblés en fonction des risques. En sus, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) réalise ses propres analyses chez les opérateurs et sur les produits finis. Tous les niveaux de la chaîne sont examinés – semences, production, transformation, grossiste, magasin, etc. –, si bien qu’un produit bio peut passer entre les mains d’une poignée d’auditeurs avant de finir dans les assiettes.